En décembre dernier, j’ai eu l’honneur d’être invitée en tant qu’auteure, à animer un cycle long d’écriture de 25 heures. Un challenge que j’ai voulu relever : faire écrire des personnes en postcure addictologie. Intitulé « Sous les ailes de Mercure », ce projet culture santé était lié au festival d’écriture Les Mercurielles organisé à Cherbourg et invitant la population à écrire pendant une semaine avec des auteurs. Cette année, sont intervenus Marin Fouqué, Olivier Liron, Sophie Poirier et Emmanuel Régniez.
Pour ma part, je suis intervenue auprès d’hommes et de femmes suivis par le service de soins de suite et de réadaptation en addictologie de Beauregard à Cherbourg. C’est un service qui dépend de la Fondation Bon Sauveur. Cette intervention fait suite à un appel à projet, dans le cadre de Culture Santé, une politique interministérielle, visant à donner accès à l’art et à la culture, aux publics en milieu hospitalier et médio-social. L’appel à projets était porté par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC).
Nous avons écrit à la Bibliothèque Lansonneur de La Glacerie, Cherbourg-en-Cotentin.
Un cycle d’écriture sur le thème de la (dé)(re)-construction
Les participants ont écrit avec les deux animateurs qui les accompagnent au quotidien. Comme tout atelier d’écriture, il était évident pour moi, que nous allions vivre une expérience à part. L’histoire des participants, leur lien avec les animateurs, leur volonté d’avancer dans leur vie ont contribué à rendre ce cycle d’écriture particulièrement émouvant. Notre toute première séance a d’ailleurs été teintée de quelques larmes, car disons-le, les participants se sont immédiatement engagés personnellement dans ces aventure, n’hésitant pas à se livrer à travers les mots.
En tant qu’animatrice du groupe, j’ai dû au fil des séances m’adapter à la charge émotionnelle du groupe et j’a fait en sorte de trouver des thèmes d’écriture par moment plus légers. Le thème du cycle était la (dé)(re)-construction. Ayant écrit le livre La Cabane aux éditions du Chat Polaire, ce thème des Mercurielles cette année, tombait formidablement à pic.
J’ai guidé de le groupe vers la construction d’un lien de confiance entre nous et dans leur écriture, vers la construction de récits, de nouvelles, vers l’expression poétique et sur des jeux d’écriture de déconstruction. Nous nous sommes vus pendant 15 jours avant les fêtes de Noël, quasiment tous les jours et nous ne voulions pas nous dire au revoir…
Une restitution lecture publique
Dans un second temps, le groupe a été suivi par une comédienne en résidence d’artiste à Cherbourg. Ils ont utilisé toutes la matière des textes produits pendant ce cycle, pour monter une lecture publique cohérente, la mettre en voix et en scène. Entendre les textes des ateliers, mis en voix, a été véritablement une re découverte des écrits et de leurs auteurs. J’ai été contente d’assister à la représentation à la bibliothèque du Quasar à Cherbourg. C’était vraiment l’aboutissement de tout un projet, qui a accompagné des personnes dans leur parcours du moment. L’émotion et la joie étaient vive ce jour-là dans la salle.
Je n’oublierai jamais ce groupe : F, S, S, A, E, J … Les retours que j’ai pu avoir de la part des participants me confortent dans l’idée que l’écriture en milieu médico-social et hospitalier a entièrement sa place. D’ailleurs je suis ravie en ce second trimestre 2023, d’avoir un projet de faire écrire des patients et des soignants d’un hopital ensemble… to be continued…
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